Les vététistes pourraient devenir plus rapides s’ils complétaient leur entraînement par du vélo de route. Par ailleurs, les cyclistes sur route sous-estiment souvent les avantages de l’utilisation du VTT pour améliorer leurs compétences techniques. Examinons en détail les différences et les similitudes entre ces deux disciplines.
La transition du VTT au vélo de course
De temps en temps, un cycliste de haut niveau annonce qu’il souhaite changer de discipline. Un exemple réussi de cette transition est Matthieu van der Poel, qui est passé avec succès du VTT au cyclisme professionnel sur route dans le World Tour. Il est toutefois rare de trouver des cyclistes sur route qui passent au VTT.
D’un autre côté, il est de plus en plus fréquent de voir de jeunes vététistes qui n’ont pas peur des vélos de course et qui roulent régulièrement sur la route pendant le printemps. Cela constitue un entraînement précieux pour la saison de VTT, qui commence environ deux mois après la saison sur route.
La différence de terrain
Vélo de course et VTT. Deux mondes ou un seul ? Les points communs et les différences seront analysés ci-après. Tout d’abord, il faut souligner que le cycliste peut apprendre du vététiste et vice-versa. La différence la plus évidente pour tous ceux qui ont déjà essayé les deux : Le VTT demande plus de puissance. La partie du nom « Mountain » est tout un programme. Là où il y a des montagnes, il faut de la puissance. Si le terrain est accidenté, il faut encore plus de force. Le terrain fait la différence avec le vélo de course.
Les vététistes s’entraînent donc régulièrement sur la route, car l’entraînement y permet un rythme régulier. Si le plan d’entraînement prévoit un « entraînement régénératif », il est difficile de respecter cette consigne sur le VTT.
La phase de préparation, qui commence généralement en décembre, est effectuée sur la route par la plupart des athlètes de VTT. La conduite sur neige est cependant un entraînement idéal pour la technique de conduite, auquel même les excellents entraîneurs techniques ne veulent pas renoncer. Le véritable entraînement technique en VTT ne commence qu’en mars pour les membres des équipes nationales. Pendant le premier camp d’entraînement, le vélo de course reste à la maison et c’est le VTT qui est utilisé à la place, par monts et par vaux.
Une position différente
Sur le VTT, on est assis différemment que sur le vélo de course, plus droit, sans pour autant que le vélo soit plus court. Les tubes supérieurs des cadres de VTT sont même souvent plus longs que ceux des vélos de course pour la même taille. Toutefois, les potences plus courtes compensent plus ou moins ces différences. Malgré ces différentes géométries, les muscles mobilisent en général des zones similaires du corps. Grâce à la position plus droite et au guidon plus haut, le poids du cycliste est mieux réparti entre les roues avant et arrière, ce qui contribue à maintenir la stabilité sur les terrains accidentés.
La position assise légèrement plus droite sur le VTT influence principalement le fléchisseur de la hanche. Celui-ci veille à ce que le genou soit soulevé et intervient donc lors du mouvement vers le haut pendant le tour de pédale. La distance entre les insertions musculaires du fléchisseur de la hanche est plus grande lorsque l’on est assis en position verticale. Cela lui permet d’utiliser une plus grande amplitude de mouvement et de travailler un peu plus efficacement. Toutefois, comme le fléchisseur de la hanche n’est actif que dans la phase de traction, qui ne représente qu’une petite partie de la force développée, la différence entre la position VTT et la position vélo de route reste négligeable.
Pour savoir quelle position est la plus efficace – celle du vélo de course ou celle du VTT – nous avons mené une enquête avec Andreas Gösele, un médecin du sport à la clinique de cross de Bâle. Gösele, lui-même cycliste passionné, a développé un vélo ergomètre en collaboration avec le constructeur de vélos bâlois Oskar Lehner. Cet appareil nous a permis de reproduire au millimètre près les positions assises des cyclistes de course et des vététistes. Sandro Späth s’est mis en selle en tant que personne test. Gösele a transféré sur son dispositif les positions de Späth sur le vélo de course et le VTT, optimisées au fil des années.
Sandro Späth a roulé avec une puissance de 100 watts, mesurée avec une manivelle SRM, aussi bien en position VTT qu’en position vélo de course. Dans la position VTT, plus droite mais pas plus courte, le cycliste professionnel a pédalé avec une fréquence cardiaque légèrement inférieure à 100 battements par minute. Appuyé sur le guidon de course, la fréquence augmentait légèrement. Lorsqu’il se positionnait en bas de l’arche pour un aérodynamisme optimal, son cœur devait battre environ 5 % plus vite que dans la position VTT.
Andreas Gösele confirme : « Plus on est penché en avant, plus c’est mauvais pour les performances ». L’explication médicale réside dans le fait que les grosses veines et artères passent par les cuisses. À l’endroit où elles débouchent sur le tronc, elles peuvent être pliées, ce qui nuit à la circulation sanguine. Plus un cycliste est assis en position inclinée vers l’avant, plus la circulation sanguine est entravée. Cela peut aller jusqu’à ce qu’un cycliste de course ait les pieds engourdis en raison d’une position trop basse du guidon, car le pied n’est plus suffisamment alimenté en sang.
La conclusion selon laquelle un guidon plus haut rend plus rapide est toutefois erronée. Gösele explique : « Plus je suis assis bas, plus je suis aérodynamique. Les avantages aérodynamiques l’emportent tellement qu’on roule plus vite malgré une efficacité légèrement réduite. La perte de puissance devient secondaire ».
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Positif plutôt que Négatif
En VTT, l’aérodynamisme joue un rôle secondaire. « Lors des courses techniquement exigeantes, nous roulons à une moyenne de moins de 20 kilomètres par heure », explique Späth. Le fait d’être assis plus droit ne présente aucun inconvénient. Au contraire : on roule plus en sécurité, on a une meilleure vue d’ensemble, et : « J’ai moins de problèmes de dos avec un guidon plus haut« , raconte Späth. Plus on doit se pencher bas sur le guidon, plus le travail de maintien et donc la force requise par le tronc sont importants. Une force qui serait mieux conservée pour les jambes. Les douleurs dorsales sont en général le signe que la musculature du tronc commence à faiblir.
C’est ainsi que les coureurs de VTT abandonnent les guidons extrêmement bas qui étaient encore à la mode il y a quelques années. Les potences négatives, c’est-à-dire coudées vers le bas, ont aujourd’hui presque disparu du peloton professionnel. Malgré cela, le niveau du guidon est toujours inférieur à celui de la selle. Il doit en être ainsi. Sinon, les vélos grimperaient de manière misérable, le centre de gravité serait trop en arrière, la roue avant se décollerait plus rapidement du sol.
En revanche, cette règle peut être transgressée pour certains sportifs. En effet, moins la colonne vertébrale doit se courber, moins les disques intervertébraux sont comprimés. Ils peuvent mieux rebondir lorsque les chocs parviennent jusqu’à la selle. La charge sur les mains est également réduite. Un canal nerveux sensible à la pression passe entre le pouce et le petit doigt. Une pression trop forte sur ce canal rend les doigts insensibles. En principe, ce problème devrait surtout survenir lors de la pratique du vélo de course, où un poids plus important pèse sur les mains. Mais la pratique est différente. Les coups moins violents et la possibilité de changer la position des poignées sur le vélo de course atténuent le problème. Si les mains s’endorment malgré tout, il faut acheter des gants avec un bon rembourrage ou monter une bande de guidon souple, par exemple en liège. Les professionnels en enroulent souvent deux couches autour du guidon afin de rouler plus confortablement. Les vététistes ont tout intérêt à visser des poignées sur le guidon, ce qui leur permet également de changer régulièrement de position et de réduire la pression sur cette zone délicate à l’intérieur de la main.
Encouragement à la variété
Passer d’une discipline à l’autre n’est pas seulement sans danger, c’est même un atout. Le cycliste de course peut renforcer la musculature du haut du corps sur le VTT. Sur le terrain, on travaille avec tout son corps, les bras doivent amortir, tirer, pousser, on est souvent debout sur les pédales pour les passages techniques. Il faut alors une tension corporelle, et celle-ci ne peut être développée qu’avec une forte musculature du tronc. Deuxième bénéfice : la technique de conduite. Avec le vélo, on apprend de manière ludique à sauter des obstacles, à réagir en une fraction de seconde, à se diriger correctement dans des situations critiques, par exemple avec des roues qui dérapent.
Inversement, le vététiste peut entraîner son coup de pédale rond sur le vélo de course, affiner sa technique de virage à grande vitesse, entraîner la résistance au rythme tout comme les bases. « Je ne connais pas d’influence négative d’une discipline sur l’autre », encourage Gösele. Enfin, la composante mentale entre également en ligne de compte. Le fait que le professionnel de la route Alexandre Moos ait rapidement sombré lors du Swiss Bike Masters, après un départ en fanfare, et qu’il ait ensuite abandonné, lui était en fait égal. Car avec ses incursions dans le monde du VTT, il veut avant tout atteindre une chose : Prendre du recul par rapport à la vie sur la route, prendre du plaisir à faire du vélo. Le VTT signifie pour lui, qui est déjà monté plusieurs fois sur le podium du circuit national de VTT, une pause dans la saison.
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Cet article de blog a été mis à notre disposition par Fit for Life. Fit for Life est le magazine suisse du fitness, de la course à pied et des sports d’endurance. Vous souhaitez lire régulièrement de tels articles ? Alors cliquez ici.